Ô rage, Ô désespoir, Ô Hadopi ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Fin des débats et des polémiques, le projet de loi "Création et Internet", plus connu sous le doux sobriquet d'HADOPI, a été enterinné par les sénateurs mercredi. Tremblez, messants pirates ! Craignez l'HADOPI et ses moyens surpuissants ! Certes, les premiers courriels et lettres recommandées ne partiront qu'au début de l'automne de l'an de grâce 2009, alors on est tranquilles.
Quoique, il y a quand même matière à réfléchir maintenant que cette loi est adoptée de manière irréversible (la commission européenne n'est pas contre). En effet, si on réfléchit un tantinet, on peut essayer d'anticiper les réactions des piranautes de France qui téléchargent du pr0n, de la musique et des vidéos sur le vilain réseau peer-to-peer. Après plusieurs discussions avec bon nombre de téléchargeurs de mon entourage, j'en suis arrivé aux déductions suivantes:
Pour résumer, la loi risque de ne pas avoir l'effet escompté. L'effet pédagogique va se transformer assez rapidement en effet pétard mouillé. Par contre je lis ça et là que des solutions vont sortir, permettant de télécharger sans être détecté, via notamment des protocoles chiffrés. Heu, c'est bien ça, de chiffrer, mais ça n'empechera pas la détection. En effet, le chiffrement protège les données qui transitent, mais si les agents assermentés chargés de détecter les délits réalisés par les piranautes se font passer pour des utilisateurs légitimes, et pourront récupérer les adresses IP de ceux qui viendront télécharger chez eux. La seule technique envisageable pour contrer cela, c'est l'emploi de systèmes proxies.
Enfin bon, je ne vais pas tergiverser plus longtemps sur cette loi qui: - n'apporte pas un centime à la création - va changer les habitudes des piranautes mais pas dans le bon sens - va créer une insécurité sur le web, car les organismes chargés de relever les adresses IPs des méchants piranautes ne seront que très peu contrôlés.
Internet en France n'est pas mort, Internet est toujours bien présent et ceux qui tentent de le brider ne s'aperçoivent pas que leur action est vaine. Ils ne se rendent pas compte de la difficulté technique des lois qu'ils font voter. Ils ne se rendent pas compte non plus de leur bêtise, lorsqu'ils tentent d'avancer des arguments divers et variés sur les effets du téléchargement "illégal", ou sur les solutions existantes (des pare-feus dans les logiciels libres, ...). Il y a un moment où les piranautes se rendent bien compte que les dirigeants aussi ont raté le tournant du numérique.
piranautes: étant désormais coupable sauf preuve du contraire, l'ensemble des internautes est assimilé à un group de pirates, d'où ce néologisme.